Tableaux de paysages

J’ai accepté la résidence à l’hôpital pour son aspect d’engagement humain. Ma peinture est contemplative, c’est une réflexion sur le paysage, sur l’existence, ce n’est pas un engagement social de premier degré. La pratique artistique est souvent solitaire, elle nous exclut du monde.

Dans mon atelier je suis dans un monde idéal, l’atelier à l’hôpital m’oblige à me confronter aux réalités du monde contemporain, celles difficiles que vivent certains, problèmes de santé, violence sociale ou familiale. L’utilité de l’artiste c’est peut-être d’apporter un peu de futilité, d’amener ces enfants à avoir un regard distant et décalé sur la société et leur quotidien, à relativiser leurs angoisses. J’ai donc abordé l’atelier comme une expérience humaine plus qu’artistique. Les relations étaient à chaque fois uniques, particulières, émouvantes. L’atelier avec les enfants étaient pour moi un espace de jeu et de liberté. J’ai aussi beaucoup observé la façon dont les enfants tiennent le pinceau. Leur gestuelle spontanée, peut être maladroite mais très instinctive et belle pour cela m’a influencé, notamment dans ma pratique de l’aquarelle.   Une œuvre d’art c’est une rencontre. Il y a une trace où quelqu’un a essayé de dire quelque chose et d’autre part, il y a un spectateur. C’est un échange, et pour qu’il y ait échange, j’aime bien l’idée de la fenêtre. Les tableaux réalisés ici fonctionnent comme des bandes dessinées qui racontent plusieurs histoires, qui vont accaparer un moment l’attention du spectateur, cet instant d’évasion pourrait le détourner de ses angoisses.