LA DEMESURE DU POSSIBLE est une oeuvre sensible et réactive aux mouvements des spectateurs.
En 2013, Art dans la Cité souhaitait développer une création numérique, interactive et innovante spécifiquement pour l’accueil et le séjour des personnes âgées en établissement de soins. Le cahier des charges était précis : « Développer une création numérique interactive, ergonomique et multi sensorielle pour la personne âgée et le patient en soins de suite. Son objectif : maintenir le patient en activités en stimulant ses sens, en ouvrant une fenêtre sur le monde extérieur, en lui apportant des activités récréatives, qui stimulent la mémoire, les fonctions cognitives, qui rompent l’isolement en créant du lien social.
Le dispositif retenu, de l’artiste ingénieur Fred Périé, repose sur la captation du mouvement des patients. Une caméra enregistre les déplacements et les gestes en temps réel, un filtre informatique sélectionne les éléments de corps en mouvements et les transforme en un objet pictural projeté à grande échelle. Le mouvement des patients présents dans l’espace d’interaction va transformer le tableau selon deux temporalités : l’instant présent, le temps de l’interaction au cours duquel le mouvement, même le plus infime, s’inscrit dans le tableau avec l’apparition d’une forme mouvante immédiatement perceptible. Le long terme, une trace de l’interaction va subsister durablement et se transformer progressivement. Les interactions successives vont enrichir le tableau de formes nouvelles. Il s’agit d’une oeuvre vivante ou l’instant présent engendre et modifie la mémoire. La participation immédiate et ludique des personnes âgées inscrira sur le tableau une trace labile, une mémoire fugace, celle-ci va ensuite se consolider puis opérer une lente maturation. Chaque nouvelle mémoire viendra enrichir la palette de souvenir. Les personnes âgées seront à la fois créateurs de l’oeuvre et spectateurs, ils seront à l’extérieur et à l’intérieur du tableau, peintres et modèles, corps et esprits. La démesure du possible est composée d’un vidéoprojecteur, d’une caméra, d’un ordinateur et d’un logiciel ainsi que d’un écran déporté.
Une dimension essentielle du projet réside dans le changement d’échelle entre le corps du patient et l’image en train de se faire. Pour quelqu’un dont la mobilité est diminuée, il est important de voir que même un mouvement infime peut se traduire en grand. Par ailleurs, alors que son corps peut lui apparaitre comme dévalorisé, le patient est invité à contribuer avec celui-ci à une belle forme. Au-delà de ses dimensions symboliques, le projet est aussi un travail collectif, chacun y contribuant selon ses moyens physiques du moment, mais avec le désir d’une harmonie figurée à l’image. Ainsi de la démesure et de la picturalité.
Le dispositif est constitué de vingt tableaux interactifs assez différents qui se renouvellent. qui se succèdent selon des intervalles aléatoires généralement inférieurs à la minute. L’ordre des tableaux est réinitialisé aléatoirement lorsque la série a été entièrement parcourue. Dans l’espace d’accueil : Un écran situé dans un espace accessible au public, diffuse en directe l’oeuvre et témoigne ainsi des interactions et des transformations qu’elles induisent. Cet écran permet une contemplation de l’oeuvre vivante.
Institut Claude Pompidou de Nice : https://www.chu-nice.fr/chu-de-nice/nous-connaitre/hopitaux/icp
Centre Rainier III – hôpital Princesse Grâce Monaco : https://www.chpg.mc/portfolio/centre-rainier-iii-gerontologie-clinique/