Le centre d’accueil et de soins psychothérapeutiques de jour du Grasweg à Colmar a demandé à l’association Art dans la Cité de réfléchir à un projet artistique pour la salle d’accueil du nouvel espace de la rue des Blés. L’objectif du projet artistique consistait à impliquer les patients et les amener à anticiper la transition de l’ancien vers le nouveau centre tout en leur permettant de se l’approprier plus facilement. C’est le projet de l’architecte plasticien italien Pietro Ruffo qui a été retenu. En résidence à Colmar durant plus d’un mois, entre octobre et novembre 2006, Pietro Ruffo a travaillé avec les patients du secteur 3. Ensemble, ils ont lentement apprivoisé les espaces alentours en les dessinant et en les photographiant. Les patients ont ainsi participé à l’élaboration du Relief du passage qui couvre les murs de la nouvelle salle d’accueil destinée à devenir un lieu de rencontre et de convivialité. L’œuvre se compose d’un grand dessin au centre de la salle qui représente un “portrait de famille” des patients et du personnel de la nouvelle structure, réalisé par l’artiste. Tout autour ont été accrochées les photographies en noir et blanc et les dessins encadrés des patients qui illustrent le passage de l’infiniment grand à l’infiniment petit, sujet de prédilection dans le travail de Pietro Ruffo.
Pour leurs dessins et leurs photos, les patients se sont inspirés des paysages environnants et de sujets qui tissent un parcours entre le passé et l’avenir. Ils sont allés au musée d’Histoire Naturelle pour dessiner des cigognes empaillées ou des fossiles. Ils ont aussi imaginé ce qu’ils pouvaient voir à travers un microscope. Pascale qui fréquente le Grasweg depuis onze ans assure que cette expérience artistique lui a fait du bien, que Pietro lui a donné la force de participer. Elle précise qu’avec leurs photos et leurs dessins, elle se sent plus en sécurité dans la nouvelle structure. Et Marie qui fréquente la structure depuis janvier 2002 ajoute que ce sont comme des traces associées à de bons souvenirs, elle pense que leurs photos et dessins vont leur permettre de prendre plus facilement leurs repères dans la nouvelle structure. Et Pietro Ruffo conclut :
Je suis heureux d’avoir eu l’opportunité de réaliser ce projet qui m’a beaucoup apporté. Après un mois passé ici, ce ne fut pas facile de me détacher du groupe avec lequel il s’était créé un lien fort et amical. J’avais quitté Rome pour Colmar avec un grand point d’interrogation sur ce que j’allais réussir à faire avec les patients d’un institut psychiatrique et le résultat est absolument positif. Je suis vraiment étonné des potentialités humaines et créatives des personnes avec lesquelles j’ai travaillé.