Anne Gorouben a proposé un projet basé sur le portrait des enfants hospitalisés. Subtile observatrice du monde et des mondes qui l’entourent, si proches, si lointains et si banals, elle les a transposés dans un autre univers, le sien, par le biais de quarante portraits d’enfants réalisés à la mine de plomb. Sans rien sublimer et sans rien occulter elle a révélé une beauté unique, la beauté de leur corps, la beauté de leur vie, la beauté de leur être.
Anne a réussi à dépeindre de belles images de ses modèles, sans misérabilisme mais sans effacer non plus la réalité de leur vie.
Reflétant leur souffrance, leur ennui, leur colère ou leurs espoirs, ces portraits sont aussi le témoignage de l’échange sensible et profond que l’artiste a développé avec les jeunes patients rencontrés dans l’espace clos de la chambre d’hôpital. Cet échange est précieux, il aide au travail de construction de l’individu et à la réconciliation avec son corps.
Reproduits sur des toiles grand format, une sélection de ces portraits réalisés avec le chef de service, ont ensuite été installés dans le hall d’entrée du nouveau bâtiment.
Dans cette intervention, Anne Gorouben a relevé un défi : révéler la réalité douloureuse et brutale du quotidien de ces enfants hospitalisés, tout en exprimant une beauté humaine. L’échange et la complicité mystérieuse naissants des rencontres avec les enfants leur ont permis de partager et d’exorciser des émotions parfois trop lourdes.
Durant ces rencontres, les adolescents ont pu s’évader en s’exprimant beaucoup par la parole.